Bien chers Amis, et permettez-moi de l’oser : bien chers Français,

        Quelle magnifique joie emplit aujourd’hui nos cœurs et nos âmes, en ce centenaire de la canonisation de notre Héroïne nationale.

Il y a un siècle, le cardinal Parochi avertissait : « Vous rencontrerez des difficultés à la faire canoniser. Au premier regard, elle entre mal dans nos cadres ; elle est d’une formule spéciale. Cependant, ayez confiance : un jour elle passera casquée et cuirassée, telle qu’elle est, sous le portail de saint Pierre. Elle y passera parce que le fond y est ». Et Mgr Touchet de commenter : « Voici le fond : celui-là est un Saint qui pratique héroïquement les vertus […], dans la fidélité, et une fidélité peu commune […]. Jeanne fut un modèle accompli, non seulement d’héroïsme, ce que tous admettent, mais de perfection chrétienne. Véritablement, nulle vertu ne manque à sa couronne de vertus ».

        Le 16 mai 1920, le Souverain Pontife Benoît XV déclarait sainte celle que, onze ans plus tôt, le grand saint Pie X avait reconnue bienheureuse. Indéniablement, citoyenne de la Patrie céleste : le Paradis. Comme le reconnut l’un de ses juges, le chanoine Alespée : « Ah ! Plût à Dieu que mon âme fût où elle est ! ». 

        Vous voilà reconnue au Paradis, 5 siècles après le bûcher de Rouen… Comme vous êtes patiente, ô Jeanne : tout vient à point à qui sait attendre. Mais attendre, était-ce bien votre première qualité ? Vous qui, plus sage et experte que les généraux, trépigniez d’impatience de repartir au combat… Vous qui, ne pouvant languir dans votre prison de la tour de Beaurevoir, vous élanciez par la fenêtre pour recouvrer votre liberté et repartir au labeur inachevé ?

        Notre-Dame l’a reconnu à Pellevoisin : c’est que les Français ne sont pas patients, et vous êtes bien parmi nous – bien que plus humblement et saintement – l’incarnation de l’âme française, la Française par antonomase, la plus pure représentation du génie catholique et français que louait saint Pie X. Me permettrez-vous, Jeanne, de vous appeler la Fille aînée de la France ?

        C’est que quand règnent Satan et ses disciples, nous ne pouvons nous comporter comme si tout allait bien : ce ne sont pas les media qui me contrediront, eux qui nous expliquent régulièrement que lors de la dernière guerre sur notre sol, il nous eût fallu être résistants et ne surtout pas collaborer au régime d’occupation.

Mais c’est bien ce qu’a fait saint Michel, lorsque son chef Lucifer se montra indigne et donna l’exemple de la révolte à Dieu. C’est bien ce qu’a fait sainte Jeanne, sous sa conduite, lorsqu’il se plaignit à elle qu’il y avait grande misère au Royaume de France sous un joug étranger.

        Lors du crime national que constitua le sacrifice du Roi-Martyr sur la place dite de la Concorde, beaucoup de nos ancêtres étaient là, silencieux et pétrifiés, devant les soldats des terroristes de l’époque, j’ai nommé les Révolutionnaires.

Alors comment ne pas se répéter sans cesse cette leçon des papes Léon XIII et Pie X : « Rien n’enhardit autant l’audace des méchants que la faiblesse des bons » (Lettre encyclique Sapientiæ christianæ, 10 janvier 1890).

        Face au mal, il ne faut pas demeurer inerte. Vous ne vous êtes pas dit, Jehanne, que… « oh, mais c’est un régime approuvé par les hommes de loi, par les politiciens et universitaires de l’époque ; et puis Henri V d’Angleterre est un bon Catholique, il va à la messe… il veut même se faire sacrer à Notre-Dame de Paris : que demande le peuple ?! Et puis en parlant de peuple, je ne suis qu’une petite tisseuse, je ne peux rien faire »…

Il ne faut pas non plus se lancer irrationnellement à corps perdu dans le combat, mais d’abord bien connaître les bons principes à défendre (vous avez reçu pour cela l’enseignement de saint Michel Archange, pendant plusieurs années, avec les deux autres Saintes de votre Conseil, Catherine et Marguerite), puis voir comment les appliquer (en temps de paix) ou les restaurer (en tant de conflit).

        Et alors, il « suffit de reprendre, enseignait le Pape, les organismes brisés par la Révolution », par toutes les sortes de révolution.

        Fidèle donc à votre Patrie, en la personne de votre roi légitime, Charles VII, en qui s’incarne mystiquement la France comme successeur de Clovis, Charlemagne et Hugues Capet, vous n’aviez que faire des subtils alinéas du honteux traité de Troyes, dont nous commémorions le triste 6ème centenaire le 21 mai dernier. Il n’en manquera pas, par la suite, de traités… prétendant, comme à Utrecht, violer en toute bonne foi – ou plutôt « en toute bonne loi » – les Lois du saint Royaume de France, qui assurent foncièrement à notre chère Patrie la paix, c’est-à-dire la tranquillité de l’ordre, sous le bénéfique règne du Christ Roi. Un bon Fils de France n’a que faire de ces alinéas prétendant substituer dans notre pays F un autre ordre à celui sanctionné par Dieu Lui-même à Reims, à Chinon et Cotignac, imposer F à la Légitimité, une Loi toujours plus déviante, F à celle du plus juste, la loi du groupe de pression le plus fort, F au bien commun, l’opportunisme, F au droit, l’injuste, F au beau, le laid, F au vrai, le faux, F au bon, le mal. Nous retrouvons là le combat originel livré au Ciel par les esprits célestes.

        Qu’est-ce donc que votre mission, ô notre grande Sœur, sinon l’intervention inouïe et jamais égalée, de Dieu dans notre histoire ? du surnaturel, utilisant à merveille le naturel pour le porter à des exploits, mais jamais sans lui ?

        Catholique, vous l’êtes par votre exemple, en sachant unir naturel (« les gens d’armes combattront ») au surnaturel (« et Dieu donnera la victoire »), en tenant l’assurance (« il ne restera pas Anglois sur le sol françois, sinon ceux qui y périront ») et l’humilité (« si je n’y suis, Dieu m’y mette »).

        Comme vous fûtes admirable de sagesse, confondant les théologiens de l’infidèle Université de Paris, en ne craignant pas de leur répondre avec audace, ou plutôt, comme Cyrano, avec panache ! Vous êtes la nouvelle Croisée, le modèle des chevaliers qui nous font rêver, mais dont nous craignons trop souvent d’être les dignes héritiers et les nobles successeurs…

Pourtant, le vénérable pape Pie XII disait à nos familles, le 17 juillet 1945, lors de la consécration de la France au Sacré-Cœur au jour anniversaire – cela ne vous aura pas échappé – du sacre de votre Gentil Dauphin et roi bien-aimé : « Les destinées de votre patrie sont entre vos mains, mais à la double condition que, fiers de votre appartenance au Christ et conscients de la force qu’elle vous confère, vous vous montriez imperturbablement fidèles à cette appartenance et que vous usiez vaillamment de votre force ».

Fidélité aux promesses de notre baptême : c’est à cela que, s’excusant de répéter les paroles du ministre du baptême, le pape Jean-Paul II appelait il y a 40 ans exactement, en 1980, la Fille aînée de l’Église. « Mais pas la plus fidèle », comme le précise, espiègle, le pape François.

A la suite de l’Apôtre des Francs et sous son patronage, c’est bien la mission que veut garder aujourd’hui haut et fier l’Ordre de saint Remi et son chapitre de chanoines. Car Dieu le veut !

        Comme vous sur les champs de bataille, nous verrons de belles choses : mais pas comme simples spectateurs, Dieu nous en garde ! comme vaillants acteurs, selon notre vocation propre, notre place et notre devoir d’état. Vous avez pleuré sur les Anglois morts sans avoir reçu les Sacrements, mais vous n’en releviez pas moins de nouveau votre étendard pour faire avancer l’armée de la Cité de Dieu. Et chef de guerre catholique, vous faisiez confesser, entendre Messe et communier tous vos soldats : n’est-ce pas, peut-être, dans les choses paraissant moindres, le plus extraordinaire de votre épopée ?

        Rappelons aussi que vos adversaires de l’époque étaient catholiques, que leur roi l’était aussi, vos iniques juges étaient des hommes d’Église catholiques également.

        Mais l’on peut être catholique et infidèle, catholique et peureux, catholique et opportuniste, catholique et tiède ; et tout ce petit monde répugnait à votre âme droite, pure et chevaleresque, par leur  choix de défendre une cause injuste et illégitime, usant de procédés ignobles, opposés à la constitution-même du Royaume et à la légitimité que ne cessa jamais d’y apporter votre Droiturier Seigneur.

        Deux Pontifes Romains le soulignèrent particulièrement.

Le pape Sarto en 1909 : « Combattez sous la bannière de la vraie patriote, Jeanne d’Arc, où il semble voir écrits ces deux mots : RELIGION ET PATRIE… Acclamez cette héroïne, victime de la basse hypocrisie et de la cruauté d’un renégat vendu à l’étranger… » (Allocution Nous vous remercions, 19 avril 1909).

Et S.S. le pape Benoît XVI, honorant il y a 9 ans « cette sainte française, citée à plusieurs reprises dans le Catéchisme de l’Église catholique ». Son « procès est une page bouleversante de l’histoire de la sainteté et également une page éclairante sur le mystère de l’Église. […] C’est la rencontre dramatique entre cette Sainte et ses juges, qui sont des ecclésiastiques, […] des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune fille l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc 10, 21) – et nous commémorons aujourd’hui son émule, sainte Thérèse de Lisieux. Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme : ils ne savaient pas qu’ils condamnaient une Sainte ».

        Parlant de sa générosité jusqu’à l’immolation finale, Mgr Touchet écrivait il y a précisément cent ans : « A certaines vies, il faut un terme non commun. On ne se figure pas Jeanne retournant à Domremy, cultivant les champs paternels, encore moins épousant un paysan ou bien un gentilhomme. Elle fut emportée sur un char de feu [comme] l’Élie du IVe Livre des Rois ; c’est devant cela qu’on aime se prosterner en esprit ». Pour fabuleuse qu’elle ait été, l’épopée de Jeanne n’en fut pas moins bien réelle et concrète. « L’on ne construira pas la cité de Dieu dans les nuées ».

« Non, Vénérables Frères, rappelait saint Pie X à nos chers évêques de France il y a 110 ans – il faut le rappeler énergiquement dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle, où chacun se pose en docteur et en législateur, – on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer, ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins, contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété – même quand elles viennent de Catholiques – : omnia instaurare in Christo, il faut tout restaurer dans le Christ » (Lettre Notre charge apostolique sur le Sillon, 25 août 1910).

Ce programme demeure d’actualité pour nous : il nous faut encore « reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale, les organismes brisés par la Révolution et les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine ». C’est limpide comme l’âme de Jeanne.

Le pape poursuivait : « Il ne sera pas possible de tout restaurer dans le Christ autant que c’est possible, si l’esprit du Christ, outre les mœurs de chacun et celles de sa famille, n’a pas pénétré les institutions politiques » (Lettre Missam a vobis, 10 juillet 1911).

Politique… J’ai bien conscience de prononcer là un gros mot, un mot-repoussoir pour un certain clergé qui, depuis soixante ans, ne s’est pas privé d’en faire, à la sauce souvent marxisante. Ou d’empêcher les fidèles d’en faire, comme si le gouvernement de la cité devait être géré par tout le monde sauf vous ! Dans un décret adopté à la quasi-unanimité par ses 2000 Pères, le dernier concile vous reconnaît pourtant bien la mission de sanctifier l’ordre temporel, « pour que les réalités temporelles soient renouvelées dans le Christ ». De rechercher « comment améliorer les institutions sociales et publiques selon l’esprit de l’Évangile » (Apostolicam actuositatem, n. 14). Et comment le faire mieux qu’en politique (sommet de la charité selon le Souverain Pontife), c’est-à-dire dans les institutions et leur gouvernement ? « Car c’est le travail de toute l’Église de rendre les hommes capables de bien construire l’ordre temporel et de l’orienter vers Dieu. […] Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l’ordre temporel. Éclairés par la lumière de l’Évangile, conduits par l’esprit de l’Église, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes d’une manière bien déterminée […] à chercher partout et en tout la justice du Royaume de Dieu » (n. 7)… et « tout le reste vous sera donné par surcroît » (Matth. VI, 33).

Chers laïcs, vous « les intendants de la sagesse chrétienne » (n. 14), sainte Jeanne d’Arc est votre modèle à tous ; et pourtant, combien de ses émules, qui s’y sont essayé selon le plein esprit de l’Église, ont vraiment été encouragés par leurs clercs ? Je pense au Puy du Fou, par exemple, pour ne citer que cette belle œuvre.

Pourquoi, mes Frères, n’entendez-vous jamais parler de Jeanne d’Arc en sermon ? Pourquoi l’Église de France est-elle devenue si frileuse envers sa Sainte héroïne, contrairement à plusieurs de nos voisins envers leurs propres héros ? « Complexe de Cauchon » ? Non, pas du tout, c’est que sainte Jeanne d’Arc n’a pas eu peur de faire de politique, et encore moins la guerre. En un mot, Jeanne a fait des choix, et des choix justes, sans aucune ambiguité. C’est ce qu’ont toujours fait tous les Saints. Mais notre société où règne la dictature du relativisme le rejette.

« L’Évangile, vient de direMgr Rougé à l’Académie des sciences morales et politiques, nous aide à comprendre que la si sévère crise contemporaine du politique est à bien des égards une crise de notre rapport à la vérité ». Oui. Et la vérité que défend Jeanne, est que le Christ est vrai Roi de France, qu’Il a un lieutenant légitime, de par la primogéniture mâle – c’est ce que nous appelons les Lois fondamentales du Royaume, qui sont la vraie constitution de la France. A Chinon pour Charles VII, comme à Cotignac pour la naissance de Louis XIV, Dieu respecte et consacre ces Lois de France, au point de leur donner par miracle dans les périls une continuité. Jeanne, c’est le Ciel qui intervient de manière proprement merveilleuse dans l’histoire d’un peuple (« Pas un peuple qu’Il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu Ses volontés », Ps. CXLVII, 20), c’est le bon peuple de France qui ne se laisse pas dicter sa loi par l’envahisseur, et qui revendique et restaure son chef légitime, le roi de par sa naissance, père de ses peuples et clef de voûte des familles françaises, 1er serviteur du Christ Roi, et ce malgré les défauts et faiblesses du personnage, comme tout un chacun ici-bas. C’est sa mission sacrée – dans tous les sens du terme –, pour le bien commun de tout un pays, et cela suffit à Dieu pour intervenir admirablement et le restaurer quand il est en danger : en cela consiste bien essentiellement la mission johannique, et tant que vos prêtres, animés d’un mâle courage, ne l’auront pas compris et assimilé : petit Troupeau, vous n’entendrez pas parler de cette Pucelle, que des noms beaucoup moins catholiques auront pourtant davantage honorée au point de lui dédier une fête nationale ! N’y aura-t-il que notre Église de France pour être toujours à la remorque de ses contemporains ?

« L’origine divine du pouvoir humain, poursuivait Mgr l’évêque de Nanterre, a souvent été mentionnée dans les documents catholiques officiels, notamment pontificaux, réfléchissant au statut du politique […]. Elle ne l’est pratiquement plus jamais, comme si l’Église en ce temps ne parvenait plus à assumer les affirmations de saint Paul et de Jésus Lui-même, dans le contexte d’une sécularisation galopante et d’une laïcité durcie en idéologie anti-religieuse ». Et depuis hier, plus que jamais…

Saint Pie X complétait d’avance, se référant à Clovis : « Le règne de Jésus-Christ sur toute la France fut proclamé à Reims de façon solennelle, à cause du Roi qui, sans paroles, mais par son seul exemple, incita les populations à répéter en sa présence et d’une seule voix : Nous renonçons aux dieux mortels et nous sommes prêts à adorer le Dieu immortel prêché par Remy, prouvant une fois de plus que les peuples sont tels que les veulent leurs princes » (Allocution consistoriale Relicturus venturus Ecclesiam, 16 décembre 1907).

        A nous donc, avec, sous et par des institutions et des législations en conformité avec le saint Évangile, d’œuvrer pour poursuivre les Gesta Dei per Francos ! Mathématiquement, dans un pays encore majoritairement catholique (en chiffre tout du moins), et qui se veut démocrate : est-il normal que le saint Évangile n’inspire pas l’élan donné à la société, et que la Croix du Seigneur ne soit pas un noble trophée national, contrairement à des pays européens comme la Pologne ?

Mes Frères, l’histoire n’est pas terminée… et un Chrétien est tout, sauf un fataliste. C’est à vous, malgré des circonstances non voulues ni désirées, d’écrire – comme nos prédécesseurs les Saints – les prochaines pages de l’histoire de France, par vos actes, par vos vertus, par vos prières et sacrifices cachés, comme par votre devoir d’état parfaitement accompli et vos souffrances humblement et amoureusement offertes. Et faites prier vos enfants, avec vous, car c’est la louange toute pure qui l’emporte toujours sur le Cœur de Dieu et de Sa sainte Mère.

        Pour le même Pontife, « les bons pères et mères de famille doivent aussi restaurer toutes choses dans le Christ en apportant la concorde et la paix, en conservant un amour saint et en donnant une sainte éducation à leurs enfants » (Allocution Vi ringrazio aux pèlerins toscans, 12 octobre 1908).

        Puisse se réaliser enfin, mes Frères, la prophétie pontificale : « Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonds baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation. Les mérites de tant de ses fils, qui prêchèrent la vérité de l’Évangile dans le monde presque entier et dont beaucoup l’ont scellée de leur sang, les prières de tant de Saints qui désirent ardemment avoir pour compagnons dans la gloire céleste les frères bien aimés de leur patrie, la piété généreuse de tant de ses fils qui, sans s’arrêter à aucun sacrifice, pourvoient à la dignité du clergé et à la splendeur du culte catholique, et, par-dessus tout, les gémissements de tant de petits enfants qui, devant les tabernacles, répandent leur âme dans les expressions que Dieu met sur leurs lèvres, appelleront certainement sur cette nation les miséricordes divines. Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais, la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.

Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une voix qui lui répétera : […] « Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, Mon nom devant tous les peuples et devant les rois de la terre » (Allocution Vi ringrazio aux nouveaux cardinaux, 29 novembre 1911).

        « Va, fille aînée de l’Église », reprenant l’adresse à Jehanne : « Va, fille de Dieu, va ! ».

« Comme l’a proclamé la vénérable Pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc, la France est le Royaume de Jésus-Christ ». Nous le répétons machinalement à chaque Pater : « Que Votre Règne arrive », sur la France comme dans le monde entier !En 2020 comme sous Clovis, « Dieu aime la France parce qu’Il aime l’Église, et que, puisqu’Il protège Son Épouse, Il veut aussi le salut de Sa fille bien-aimée » (Allocution Si nous n’avions, 23 septembre 1904), qui a été constituée pour la protéger et mettre en avant.

« A votre retour en France, disait le Saint-Père à nos pèlerins, et à vous en ce jour, emportez avec vous, non pas seulement l’espérance, mais la certitude que Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans l’infinie bonté de Son Cœur miséricordieux, sauvera votre patrie en la maintenant toujours unie à l’Église et que, par l’intermédiaire de la Vierge Immaculée, Il fera se lever l’aurore de jours meilleurs… ». Puisse cette prophétie se réaliser rapidement !

Concluons avec le conseil du Pasteur Angélique en 1956, pour le 5e centenaire du procès de réhabilitation de Jehanne : « Et s’il peut sembler un moment que triomphent l’iniquité, le mensonge et la corruption, il vous suffira de faire silence quelques instants et de lever les yeux au ciel pour imaginer les légions de Jeanne d’Arc qui reviennent bannières déployées, pour sauver la patrie et sauver la foi ». Ainsi soit-il. Sainte Jehanne d’Arc, sauvez la France et entraînez ses fils !