Ordre de saint Remi https://ordredesaintremi.fr « Que Votre Règne arrive » (Luc XI, 2) Tue, 27 Oct 2020 14:30:18 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=5.8.2 https://ordredesaintremi.fr/wp-content/uploads/2018/11/cropped-Armes-transparent-32x32.png Ordre de saint Remi https://ordredesaintremi.fr 32 32 156838014 Sermon du pèlerinage jubilaire à Domremy (3 octobre 2020) https://ordredesaintremi.fr/sermon-du-pelerinage-jubilaire-a-domremy-3-octobre-2020/ https://ordredesaintremi.fr/sermon-du-pelerinage-jubilaire-a-domremy-3-octobre-2020/#respond Tue, 27 Oct 2020 14:30:18 +0000 https://ordredesaintremi.fr/?p=991

 Bien chers Amis, et permettez-moi de l’oser : bien chers Français,

        Quelle magnifique joie emplit aujourd’hui nos cœurs et nos âmes, en ce centenaire de la canonisation de notre Héroïne nationale.

Il y a un siècle, le cardinal Parochi avertissait : « Vous rencontrerez des difficultés à la faire canoniser. Au premier regard, elle entre mal dans nos cadres ; elle est d’une formule spéciale. Cependant, ayez confiance : un jour elle passera casquée et cuirassée, telle qu’elle est, sous le portail de saint Pierre. Elle y passera parce que le fond y est ». Et Mgr Touchet de commenter : « Voici le fond : celui-là est un Saint qui pratique héroïquement les vertus […], dans la fidélité, et une fidélité peu commune […]. Jeanne fut un modèle accompli, non seulement d’héroïsme, ce que tous admettent, mais de perfection chrétienne. Véritablement, nulle vertu ne manque à sa couronne de vertus ».

        Le 16 mai 1920, le Souverain Pontife Benoît XV déclarait sainte celle que, onze ans plus tôt, le grand saint Pie X avait reconnue bienheureuse. Indéniablement, citoyenne de la Patrie céleste : le Paradis. Comme le reconnut l’un de ses juges, le chanoine Alespée : « Ah ! Plût à Dieu que mon âme fût où elle est ! ». 

        Vous voilà reconnue au Paradis, 5 siècles après le bûcher de Rouen… Comme vous êtes patiente, ô Jeanne : tout vient à point à qui sait attendre. Mais attendre, était-ce bien votre première qualité ? Vous qui, plus sage et experte que les généraux, trépigniez d’impatience de repartir au combat… Vous qui, ne pouvant languir dans votre prison de la tour de Beaurevoir, vous élanciez par la fenêtre pour recouvrer votre liberté et repartir au labeur inachevé ?

        Notre-Dame l’a reconnu à Pellevoisin : c’est que les Français ne sont pas patients, et vous êtes bien parmi nous – bien que plus humblement et saintement – l’incarnation de l’âme française, la Française par antonomase, la plus pure représentation du génie catholique et français que louait saint Pie X. Me permettrez-vous, Jeanne, de vous appeler la Fille aînée de la France ?

        C’est que quand règnent Satan et ses disciples, nous ne pouvons nous comporter comme si tout allait bien : ce ne sont pas les media qui me contrediront, eux qui nous expliquent régulièrement que lors de la dernière guerre sur notre sol, il nous eût fallu être résistants et ne surtout pas collaborer au régime d’occupation.

Mais c’est bien ce qu’a fait saint Michel, lorsque son chef Lucifer se montra indigne et donna l’exemple de la révolte à Dieu. C’est bien ce qu’a fait sainte Jeanne, sous sa conduite, lorsqu’il se plaignit à elle qu’il y avait grande misère au Royaume de France sous un joug étranger.

        Lors du crime national que constitua le sacrifice du Roi-Martyr sur la place dite de la Concorde, beaucoup de nos ancêtres étaient là, silencieux et pétrifiés, devant les soldats des terroristes de l’époque, j’ai nommé les Révolutionnaires.

Alors comment ne pas se répéter sans cesse cette leçon des papes Léon XIII et Pie X : « Rien n’enhardit autant l’audace des méchants que la faiblesse des bons » (Lettre encyclique Sapientiæ christianæ, 10 janvier 1890).

        Face au mal, il ne faut pas demeurer inerte. Vous ne vous êtes pas dit, Jehanne, que… « oh, mais c’est un régime approuvé par les hommes de loi, par les politiciens et universitaires de l’époque ; et puis Henri V d’Angleterre est un bon Catholique, il va à la messe… il veut même se faire sacrer à Notre-Dame de Paris : que demande le peuple ?! Et puis en parlant de peuple, je ne suis qu’une petite tisseuse, je ne peux rien faire »…

Il ne faut pas non plus se lancer irrationnellement à corps perdu dans le combat, mais d’abord bien connaître les bons principes à défendre (vous avez reçu pour cela l’enseignement de saint Michel Archange, pendant plusieurs années, avec les deux autres Saintes de votre Conseil, Catherine et Marguerite), puis voir comment les appliquer (en temps de paix) ou les restaurer (en tant de conflit).

        Et alors, il « suffit de reprendre, enseignait le Pape, les organismes brisés par la Révolution », par toutes les sortes de révolution.

        Fidèle donc à votre Patrie, en la personne de votre roi légitime, Charles VII, en qui s’incarne mystiquement la France comme successeur de Clovis, Charlemagne et Hugues Capet, vous n’aviez que faire des subtils alinéas du honteux traité de Troyes, dont nous commémorions le triste 6ème centenaire le 21 mai dernier. Il n’en manquera pas, par la suite, de traités… prétendant, comme à Utrecht, violer en toute bonne foi – ou plutôt « en toute bonne loi » – les Lois du saint Royaume de France, qui assurent foncièrement à notre chère Patrie la paix, c’est-à-dire la tranquillité de l’ordre, sous le bénéfique règne du Christ Roi. Un bon Fils de France n’a que faire de ces alinéas prétendant substituer dans notre pays F un autre ordre à celui sanctionné par Dieu Lui-même à Reims, à Chinon et Cotignac, imposer F à la Légitimité, une Loi toujours plus déviante, F à celle du plus juste, la loi du groupe de pression le plus fort, F au bien commun, l’opportunisme, F au droit, l’injuste, F au beau, le laid, F au vrai, le faux, F au bon, le mal. Nous retrouvons là le combat originel livré au Ciel par les esprits célestes.

        Qu’est-ce donc que votre mission, ô notre grande Sœur, sinon l’intervention inouïe et jamais égalée, de Dieu dans notre histoire ? du surnaturel, utilisant à merveille le naturel pour le porter à des exploits, mais jamais sans lui ?

        Catholique, vous l’êtes par votre exemple, en sachant unir naturel (« les gens d’armes combattront ») au surnaturel (« et Dieu donnera la victoire »), en tenant l’assurance (« il ne restera pas Anglois sur le sol françois, sinon ceux qui y périront ») et l’humilité (« si je n’y suis, Dieu m’y mette »).

        Comme vous fûtes admirable de sagesse, confondant les théologiens de l’infidèle Université de Paris, en ne craignant pas de leur répondre avec audace, ou plutôt, comme Cyrano, avec panache ! Vous êtes la nouvelle Croisée, le modèle des chevaliers qui nous font rêver, mais dont nous craignons trop souvent d’être les dignes héritiers et les nobles successeurs…

Pourtant, le vénérable pape Pie XII disait à nos familles, le 17 juillet 1945, lors de la consécration de la France au Sacré-Cœur au jour anniversaire – cela ne vous aura pas échappé – du sacre de votre Gentil Dauphin et roi bien-aimé : « Les destinées de votre patrie sont entre vos mains, mais à la double condition que, fiers de votre appartenance au Christ et conscients de la force qu’elle vous confère, vous vous montriez imperturbablement fidèles à cette appartenance et que vous usiez vaillamment de votre force ».

Fidélité aux promesses de notre baptême : c’est à cela que, s’excusant de répéter les paroles du ministre du baptême, le pape Jean-Paul II appelait il y a 40 ans exactement, en 1980, la Fille aînée de l’Église. « Mais pas la plus fidèle », comme le précise, espiègle, le pape François.

A la suite de l’Apôtre des Francs et sous son patronage, c’est bien la mission que veut garder aujourd’hui haut et fier l’Ordre de saint Remi et son chapitre de chanoines. Car Dieu le veut !

        Comme vous sur les champs de bataille, nous verrons de belles choses : mais pas comme simples spectateurs, Dieu nous en garde ! comme vaillants acteurs, selon notre vocation propre, notre place et notre devoir d’état. Vous avez pleuré sur les Anglois morts sans avoir reçu les Sacrements, mais vous n’en releviez pas moins de nouveau votre étendard pour faire avancer l’armée de la Cité de Dieu. Et chef de guerre catholique, vous faisiez confesser, entendre Messe et communier tous vos soldats : n’est-ce pas, peut-être, dans les choses paraissant moindres, le plus extraordinaire de votre épopée ?

        Rappelons aussi que vos adversaires de l’époque étaient catholiques, que leur roi l’était aussi, vos iniques juges étaient des hommes d’Église catholiques également.

        Mais l’on peut être catholique et infidèle, catholique et peureux, catholique et opportuniste, catholique et tiède ; et tout ce petit monde répugnait à votre âme droite, pure et chevaleresque, par leur  choix de défendre une cause injuste et illégitime, usant de procédés ignobles, opposés à la constitution-même du Royaume et à la légitimité que ne cessa jamais d’y apporter votre Droiturier Seigneur.

        Deux Pontifes Romains le soulignèrent particulièrement.

Le pape Sarto en 1909 : « Combattez sous la bannière de la vraie patriote, Jeanne d’Arc, où il semble voir écrits ces deux mots : RELIGION ET PATRIE… Acclamez cette héroïne, victime de la basse hypocrisie et de la cruauté d’un renégat vendu à l’étranger… » (Allocution Nous vous remercions, 19 avril 1909).

Et S.S. le pape Benoît XVI, honorant il y a 9 ans « cette sainte française, citée à plusieurs reprises dans le Catéchisme de l’Église catholique ». Son « procès est une page bouleversante de l’histoire de la sainteté et également une page éclairante sur le mystère de l’Église. […] C’est la rencontre dramatique entre cette Sainte et ses juges, qui sont des ecclésiastiques, […] des théologiens auxquels manquent la charité et l’humilité pour voir chez cette jeune fille l’action de Dieu. Les paroles de Jésus viennent à l’esprit, selon lesquelles les mystères de Dieu sont révélés à qui possède le cœur des tout-petits, alors qu’ils restent cachés aux sages et aux savants qui n’ont pas d’humilité (cf. Lc 10, 21) – et nous commémorons aujourd’hui son émule, sainte Thérèse de Lisieux. Ainsi, les juges de Jeanne sont radicalement incapables de la comprendre, de voir la beauté de son âme : ils ne savaient pas qu’ils condamnaient une Sainte ».

        Parlant de sa générosité jusqu’à l’immolation finale, Mgr Touchet écrivait il y a précisément cent ans : « A certaines vies, il faut un terme non commun. On ne se figure pas Jeanne retournant à Domremy, cultivant les champs paternels, encore moins épousant un paysan ou bien un gentilhomme. Elle fut emportée sur un char de feu [comme] l’Élie du IVe Livre des Rois ; c’est devant cela qu’on aime se prosterner en esprit ». Pour fabuleuse qu’elle ait été, l’épopée de Jeanne n’en fut pas moins bien réelle et concrète. « L’on ne construira pas la cité de Dieu dans les nuées ».

« Non, Vénérables Frères, rappelait saint Pie X à nos chers évêques de France il y a 110 ans – il faut le rappeler énergiquement dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle, où chacun se pose en docteur et en législateur, – on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer, ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins, contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété – même quand elles viennent de Catholiques – : omnia instaurare in Christo, il faut tout restaurer dans le Christ » (Lettre Notre charge apostolique sur le Sillon, 25 août 1910).

Ce programme demeure d’actualité pour nous : il nous faut encore « reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale, les organismes brisés par la Révolution et les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine ». C’est limpide comme l’âme de Jeanne.

Le pape poursuivait : « Il ne sera pas possible de tout restaurer dans le Christ autant que c’est possible, si l’esprit du Christ, outre les mœurs de chacun et celles de sa famille, n’a pas pénétré les institutions politiques » (Lettre Missam a vobis, 10 juillet 1911).

Politique… J’ai bien conscience de prononcer là un gros mot, un mot-repoussoir pour un certain clergé qui, depuis soixante ans, ne s’est pas privé d’en faire, à la sauce souvent marxisante. Ou d’empêcher les fidèles d’en faire, comme si le gouvernement de la cité devait être géré par tout le monde sauf vous ! Dans un décret adopté à la quasi-unanimité par ses 2000 Pères, le dernier concile vous reconnaît pourtant bien la mission de sanctifier l’ordre temporel, « pour que les réalités temporelles soient renouvelées dans le Christ ». De rechercher « comment améliorer les institutions sociales et publiques selon l’esprit de l’Évangile » (Apostolicam actuositatem, n. 14). Et comment le faire mieux qu’en politique (sommet de la charité selon le Souverain Pontife), c’est-à-dire dans les institutions et leur gouvernement ? « Car c’est le travail de toute l’Église de rendre les hommes capables de bien construire l’ordre temporel et de l’orienter vers Dieu. […] Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l’ordre temporel. Éclairés par la lumière de l’Évangile, conduits par l’esprit de l’Église, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes d’une manière bien déterminée […] à chercher partout et en tout la justice du Royaume de Dieu » (n. 7)… et « tout le reste vous sera donné par surcroît » (Matth. VI, 33).

Chers laïcs, vous « les intendants de la sagesse chrétienne » (n. 14), sainte Jeanne d’Arc est votre modèle à tous ; et pourtant, combien de ses émules, qui s’y sont essayé selon le plein esprit de l’Église, ont vraiment été encouragés par leurs clercs ? Je pense au Puy du Fou, par exemple, pour ne citer que cette belle œuvre.

Pourquoi, mes Frères, n’entendez-vous jamais parler de Jeanne d’Arc en sermon ? Pourquoi l’Église de France est-elle devenue si frileuse envers sa Sainte héroïne, contrairement à plusieurs de nos voisins envers leurs propres héros ? « Complexe de Cauchon » ? Non, pas du tout, c’est que sainte Jeanne d’Arc n’a pas eu peur de faire de politique, et encore moins la guerre. En un mot, Jeanne a fait des choix, et des choix justes, sans aucune ambiguité. C’est ce qu’ont toujours fait tous les Saints. Mais notre société où règne la dictature du relativisme le rejette.

« L’Évangile, vient de direMgr Rougé à l’Académie des sciences morales et politiques, nous aide à comprendre que la si sévère crise contemporaine du politique est à bien des égards une crise de notre rapport à la vérité ». Oui. Et la vérité que défend Jeanne, est que le Christ est vrai Roi de France, qu’Il a un lieutenant légitime, de par la primogéniture mâle – c’est ce que nous appelons les Lois fondamentales du Royaume, qui sont la vraie constitution de la France. A Chinon pour Charles VII, comme à Cotignac pour la naissance de Louis XIV, Dieu respecte et consacre ces Lois de France, au point de leur donner par miracle dans les périls une continuité. Jeanne, c’est le Ciel qui intervient de manière proprement merveilleuse dans l’histoire d’un peuple (« Pas un peuple qu’Il ait ainsi traité ; nul autre n’a connu Ses volontés », Ps. CXLVII, 20), c’est le bon peuple de France qui ne se laisse pas dicter sa loi par l’envahisseur, et qui revendique et restaure son chef légitime, le roi de par sa naissance, père de ses peuples et clef de voûte des familles françaises, 1er serviteur du Christ Roi, et ce malgré les défauts et faiblesses du personnage, comme tout un chacun ici-bas. C’est sa mission sacrée – dans tous les sens du terme –, pour le bien commun de tout un pays, et cela suffit à Dieu pour intervenir admirablement et le restaurer quand il est en danger : en cela consiste bien essentiellement la mission johannique, et tant que vos prêtres, animés d’un mâle courage, ne l’auront pas compris et assimilé : petit Troupeau, vous n’entendrez pas parler de cette Pucelle, que des noms beaucoup moins catholiques auront pourtant davantage honorée au point de lui dédier une fête nationale ! N’y aura-t-il que notre Église de France pour être toujours à la remorque de ses contemporains ?

« L’origine divine du pouvoir humain, poursuivait Mgr l’évêque de Nanterre, a souvent été mentionnée dans les documents catholiques officiels, notamment pontificaux, réfléchissant au statut du politique […]. Elle ne l’est pratiquement plus jamais, comme si l’Église en ce temps ne parvenait plus à assumer les affirmations de saint Paul et de Jésus Lui-même, dans le contexte d’une sécularisation galopante et d’une laïcité durcie en idéologie anti-religieuse ». Et depuis hier, plus que jamais…

Saint Pie X complétait d’avance, se référant à Clovis : « Le règne de Jésus-Christ sur toute la France fut proclamé à Reims de façon solennelle, à cause du Roi qui, sans paroles, mais par son seul exemple, incita les populations à répéter en sa présence et d’une seule voix : Nous renonçons aux dieux mortels et nous sommes prêts à adorer le Dieu immortel prêché par Remy, prouvant une fois de plus que les peuples sont tels que les veulent leurs princes » (Allocution consistoriale Relicturus venturus Ecclesiam, 16 décembre 1907).

        A nous donc, avec, sous et par des institutions et des législations en conformité avec le saint Évangile, d’œuvrer pour poursuivre les Gesta Dei per Francos ! Mathématiquement, dans un pays encore majoritairement catholique (en chiffre tout du moins), et qui se veut démocrate : est-il normal que le saint Évangile n’inspire pas l’élan donné à la société, et que la Croix du Seigneur ne soit pas un noble trophée national, contrairement à des pays européens comme la Pologne ?

Mes Frères, l’histoire n’est pas terminée… et un Chrétien est tout, sauf un fataliste. C’est à vous, malgré des circonstances non voulues ni désirées, d’écrire – comme nos prédécesseurs les Saints – les prochaines pages de l’histoire de France, par vos actes, par vos vertus, par vos prières et sacrifices cachés, comme par votre devoir d’état parfaitement accompli et vos souffrances humblement et amoureusement offertes. Et faites prier vos enfants, avec vous, car c’est la louange toute pure qui l’emporte toujours sur le Cœur de Dieu et de Sa sainte Mère.

        Pour le même Pontife, « les bons pères et mères de famille doivent aussi restaurer toutes choses dans le Christ en apportant la concorde et la paix, en conservant un amour saint et en donnant une sainte éducation à leurs enfants » (Allocution Vi ringrazio aux pèlerins toscans, 12 octobre 1908).

        Puisse se réaliser enfin, mes Frères, la prophétie pontificale : « Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux fonds baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation. Les mérites de tant de ses fils, qui prêchèrent la vérité de l’Évangile dans le monde presque entier et dont beaucoup l’ont scellée de leur sang, les prières de tant de Saints qui désirent ardemment avoir pour compagnons dans la gloire céleste les frères bien aimés de leur patrie, la piété généreuse de tant de ses fils qui, sans s’arrêter à aucun sacrifice, pourvoient à la dignité du clergé et à la splendeur du culte catholique, et, par-dessus tout, les gémissements de tant de petits enfants qui, devant les tabernacles, répandent leur âme dans les expressions que Dieu met sur leurs lèvres, appelleront certainement sur cette nation les miséricordes divines. Les fautes ne resteront pas impunies, mais elle ne périra jamais, la fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.

Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une lumière céleste et entendra une voix qui lui répétera : […] « Lève-toi, lave-toi des souillures qui t’ont défigurée, réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance, et va, Fille aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection, va porter, comme par le passé, Mon nom devant tous les peuples et devant les rois de la terre » (Allocution Vi ringrazio aux nouveaux cardinaux, 29 novembre 1911).

        « Va, fille aînée de l’Église », reprenant l’adresse à Jehanne : « Va, fille de Dieu, va ! ».

« Comme l’a proclamé la vénérable Pucelle d’Orléans, Jeanne d’Arc, la France est le Royaume de Jésus-Christ ». Nous le répétons machinalement à chaque Pater : « Que Votre Règne arrive », sur la France comme dans le monde entier !En 2020 comme sous Clovis, « Dieu aime la France parce qu’Il aime l’Église, et que, puisqu’Il protège Son Épouse, Il veut aussi le salut de Sa fille bien-aimée » (Allocution Si nous n’avions, 23 septembre 1904), qui a été constituée pour la protéger et mettre en avant.

« A votre retour en France, disait le Saint-Père à nos pèlerins, et à vous en ce jour, emportez avec vous, non pas seulement l’espérance, mais la certitude que Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans l’infinie bonté de Son Cœur miséricordieux, sauvera votre patrie en la maintenant toujours unie à l’Église et que, par l’intermédiaire de la Vierge Immaculée, Il fera se lever l’aurore de jours meilleurs… ». Puisse cette prophétie se réaliser rapidement !

Concluons avec le conseil du Pasteur Angélique en 1956, pour le 5e centenaire du procès de réhabilitation de Jehanne : « Et s’il peut sembler un moment que triomphent l’iniquité, le mensonge et la corruption, il vous suffira de faire silence quelques instants et de lever les yeux au ciel pour imaginer les légions de Jeanne d’Arc qui reviennent bannières déployées, pour sauver la patrie et sauver la foi ». Ainsi soit-il. Sainte Jehanne d’Arc, sauvez la France et entraînez ses fils !

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Entretien avec ‘L’Incorrect’ (1.2.2020) https://ordredesaintremi.fr/article-de-lincorrect-1-2-2020/ https://ordredesaintremi.fr/article-de-lincorrect-1-2-2020/#respond Mon, 11 May 2020 16:36:29 +0000 https://ordredesaintremi.fr/?p=892 ]]> https://ordredesaintremi.fr/article-de-lincorrect-1-2-2020/feed/ 0 892 Devenir Membre de l’Ordre https://ordredesaintremi.fr/membre-simple/ https://ordredesaintremi.fr/membre-simple/#respond Wed, 01 May 2019 08:48:38 +0000 https://ordredesaintremi.fr/?p=708

Devenir Membre de l’Ordre

Nombreux êtes-vous à nous demander en quoi consiste l’appartenance à l’Ordre de saint Remi, et comment s’y associer.
Les bases de la branche laïque sont actuellement en cours d’ébauche.

Comme prévu dès sa fondation, l’Ordre porte ce vocable car il a pour but de réunir :

  • une branche ecclésiastique : le Chapitre de Saint-Remi, érigé le 8 octobre 2018 en association cléricale publique de fidèles de droit diocésain par décret épiscopal de S.Exc.R. Mgr Dominique Rey, et dont les statuts ont été approuvés et reconnus ad experimentum.
  • une branche laïque (ou généralement “de fidèles du Christ”) : l’Ordre de saint Remi lui-même, association de fait (comme le prévoit et reconnaît le Droit de l’Eglise, cf. can. 299 § 1) fondé le 25 mars 2017.

Les postulants au statut de Membres simples sont invités à envoyer :

  • une première lettre de demande motivée
  • et un petit curriculum vitae (Nom complet, coordonnées, statut et qualités, histoire résumée, capacités)

à l’adresse suivante :

[email protected]

Nous les informerons ensuite de l’avancement des statuts et engagements proposés.

Les étapes ultérieures consisteront notamment à :

  • apprendre à connaître le Chapitre de Saint-Remi et ses Chanoines,
  • et à fournir une lettre de recommandation d’un prêtre catholique
  • ainsi qu’une lettre définitive de demande.

avant d’être formellement reçu Membre.

 

Les candidats au Sacerdoce ou à la cléricature au sein du Chapitre de Saint-Remi sont invités à suivre la même voie,

étant bien entendu que le Chapitre collégial vit :

  • de la liturgie latine traditionnelle ;
  • selon un charisme canonial (= de chanoine) séculier (liturgie, retraite, étude), différent du clergé diocésain paroissial et des sociétés de vie apostolique avec vie communautaire forte ;
  • avec une histoire et une spiritualité (salésienne et Ecole française) propres ;
  • en France et pour le salut de cette dernière ;
  • au service des associations et mouvements ayant recours à lui par le biais des aumôneries ;
  • et se trouve en période de fondation (nécessitant ainsi davantage de générosité et de sagacité !).

Une rencontre sera organisée auprès de l’Ordinaire du Chapitre.

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Entretien avec ‘Polonia Cristiana’ (26 février 2019) https://ordredesaintremi.fr/entretien-avec-polonia-cristiana-26-fevrier-2019/ https://ordredesaintremi.fr/entretien-avec-polonia-cristiana-26-fevrier-2019/#respond Tue, 26 Feb 2019 22:19:25 +0000 https://ordredesaintremi.fr/?p=655

Żyć w Bożym tempie

Odpowiadamy na apel Jana Pawła II, który wzywał do modlitwy za Francję, o wierność jej chrześcijańskim korzeniom” – mówi ks. kanonik Frédéric Goupil, współzałożyciel Zakonu św. Remigiusza, w rozmowie z Jaquesem Truffem.

 Czy mógłby Ksiądz przedstawić Zakon św. Remigiusza?

– Jesteśmy dwoma kapłanami, pracującymi nad odrodzeniem się w we Francji świeckiego życia kolegialnego, czyli kolegiów kanoników powołanych w szczególnym celu i sprawujących ceremonie liturgiczne w kościele zwanym „kolegiackim”. Odpowiadamy na potrzebę modlitwy za Francję, do której namawiał papież Jan Paweł II stawiając w 1980 i 1996 roku naszemu pokoleniu pytanie o wierność Francji przyrzeczeniom chrztu, przyjętym przez nasz naród w Boże Narodzenie 496 roku.

 Czy możecie nam opowiedzieć o Zakonie św. Remigiusza?

– Ksiądz biskup Dominique Rey, ordynariusz Fréjus-Toulon, zaakceptował w zeszłym roku naszą fundację i uznał Kapitułę św. Remigiusza, kapłańską gałąź Zakonu, za publiczne kleryckie stowarzyszenie wiernych. Nasza kapituła kolegiacka składa się z kapłanów-rezydentów oraz afiliowanych księży diecezjalnych. Mamy nadzieję na przyszłą współpracę z duchownymi i świeckimi, pragnącymi korzystać przez naszą posługę z intensywnego życia liturgicznego i duchowego.

Trzecią cześć tygodnia spędzamy w kurii biskupiej pracując w sekretariacie ordynariusza i kancelarii, zaś resztę czasu poświęcamy przede wszystkim na liturgię, jak również na studia. Nasz apostolat – różny lecz komplementarny w stosunku do posługi parafialnej – obejmuje głoszenie rekolekcji i misji, redakcję książek i artykułów, organizację pielgrzymek oraz opiekę duszpasterską nad środowiskami zaangażowanymi w przebudzenie duchowe Francji.

Jakie zadania stawia sobie Zakon w najbliższej przyszłości?

– Chcemy powiększyć kapłański rdzeń Zakonu i pracować, za pomocą rekolekcji i pielgrzymek, nad ponownym odkryciem przez Francuzów tego wszystkiego, co zawiera w sobie cnota pobożności, a więc szczególnie miłość Ojczyzny, realizowana według zdrowej nauki społecznej Kościoła, dalekiej od wszelkiego nacjonalizmu lub szowinizmu. Te dwa ostatnie wynoszą tylko własny „wielki” naród, ponad inne narody: pracujmy radośnie nad tym, aby nasze narody stawały się wielkimi przez wierność ich powołaniu, według porządku, który św. Augustyn nazywa „pokojem”, do którego chrześcijaństwo dąży przez całe swoje dzieje, pomimo różnych ludzkich niedoskonałości. Wymaga to prawdziwej formacji umysłu i woli oraz wielkiego szacunku do tego, co stworzyli i przekazali nasi przodkowie. Cywilizacja nigdy nie wyparła się swojej przeszłości i przodków w takim stopniu, jak czyni to obecnie Zachód.

Sama już tylko ożywiająca nas tradycyjna liturgia łacińska jest wspaniałymi i nadzwyczajnym nośnikiem cnoty pobożności, łączącym nas ze świętymi ceremoniami i modlitwami Kościoła wszechczasów i przestrzeni. Nie chodzi tu jednakże o nadmierne upajanie się przeszłością, przed czym przestrzega nas Ojciec Święty, ale o komunię, umożliwiającą zestawienie teraźniejszości i przyszłości z bogactwem doświadczeń przeszłości. Liturgia nie jest skostniała: jest organiczna, ciągle żyje i rozwija się, ale robi to w „Bożym tempie”, prawie niezauważalnie, tak jak zmienia się ciało człowieka.

Jak wytłumaczyć odrodzenie się we Francji zainteresowania Mszą tradycyjną?

– Dobre drzewo poznaje się po owocach. Piętnaście wieków liturgii Kurii rzymskiej, wzbogaconej za Karola Wielkiego skarbami „gallo-germańskimi”, która inspirowała (we wszystkich znaczeniach tego słowa) budowę Europy chrześcijańskiej (nawet w sztuce), nie mogą tak po prostu zostać zatrzymane. Próbowano postawić tamy, ale wody okazały się silniejsze! Podkreślmy tutaj dla polskich Czytelników, że powszechny kalendarz liturgii tradycyjnej jest pełen polskich świętych, których kult jest zalecony całemu chrześcijańskiemu światu!

Wiekowa liturgia Kościoła łacińskiego jest doskonałym środkiem ewangelizacji, nawet jeśli jej pierwszym zadaniem jest bycie publiczną i wypróbowaną skarbnicą łaski Bożej spływającej przez Sakramenty i Sakramentalia, z ofiarą Mszy św. na czele. Tak jak mówił Benedykt XI, liturgia jest organiczna i nie można jej bezkarnie wynaturzać.

Jak wytłumaczyć małe zainteresowanie tradycyjną Mszą św. pośród biskupów?

– Niestety, liczni biskupi, kapłani i zakonnicy, naznaczeni przez reformy – a nawet przewrót pokolenia lat 70-tych – często nie przywykli do rozsmakowywania się w tradycyjnej liturgii. Wynika to z powodu bardzo formalistycznej formacji i nauczania, wskutek której uważają oni starą liturgię za przestarzałą i mało zaadaptowaną do naszych czasów. Dlatego wielu młodych ludzi stara się im wytłumaczyć czego poszukują w tradycyjnej liturgii czy doktrynie: nie współczesnych trendów, lecz poczucia sacrum i ponadczasowego charakteru, pozwalających radośnie i kontemplatywnie wejść w te miejsca, momenty i ceremonie, które stanowią „niebo na ziemi”.

Jak Księża oceniają kondycję duchową Francji?

– Jako chorego sztucznie utrzymywanego przy życiu, w stanie prawie wegetatywnym, który wprawdzie zachowuje całą swoją godność (tak ludzką, jak i duchową), ale znajduje się w wielkim niebezpieczeństwie. 97 proc. procent Francuzów to osoby niepraktykujące, a ankieta przeprowadzona przez dziennik „La Croix” wskazuje, że duża liczba praktykujących nie wierzy już w to, czego naucza Kościół (Eucharystia, czystość, rzeczy ostateczne itd. ). Niemniej Bóg dalej przemawia, powołuje, a w cichości serc, w dyskretnych przedsięwzięciach, święci służą dalej, utrzymując przy życiu Francję chrześcijańską. Oni mogą być zaczynem w cieście!

Jakie jest powołanie Francji w Kościele?

– Powołaniem Francji, przypominanym przez licznych papieży jest bycie „najstarszą córką Kościoła”, a przede wszystkim zasłużenie sobie na to miano. Można to wyrażenie zrozumieć dopiero wtedy, kiedy się przypomni, że to król Francji był postrzegany przez papieży jako „najstarszy syn Kościoła”. I tak samo, jak kobieta-małżonka bierze tytuł od swojego męża-małżonka, Francja pełni rolę „najstarszej córy-małżonki”. W 1830 roku Francja odrzuciła królów, zapomniała o nich.  Kilka lat temu Emmanuel Macron przyznał, że królowie zostawili po sobie wielką pustkę; kiedy patrioci francuscy tracą z oczu ten wymiar Francji i jej związek z Niebem, zaczynają zwracać się w kierunku „Francji” zupełnie abstrakcyjnej.

„Najstarszy syn Kościoła”, król arcychrześcijański, był począwszy od Chlodwiga, a następnie od Karola Wielkiego, ręką zbrojną Stolicy Apostolskiej, synem, na którego ramieniu opierał się w sprawach doczesnych papież wypełniający swoją nadprzyrodzoną misję. I tak, Chlodwig stanowił jedyną podporę papiestwa w całkowicie ariańskiej Europie Zachodniej; Pepin Krótki stworzył Państwo Kościelne; w czasie krucjat krzyżowcy ochraniający pielgrzymów w Ziemi Świętej byli zazwyczaj nazywani Frankami; królowie Francji byli postrzegani – nawet przez muzułmanów – jako urodzeni obrońcy chrześcijan ze Wchodu (Karolowi Wielkiemu oddano klucze do Jerozolimy); również żuawi papiescy z XIX w. byli wierni temu rycerskiemu duchowi poświecenia się dla Stolicy Apostolskiej, który charakteryzuje francuską duszę: tak jak mówią słowa pieśni: Pitié mon DieuSauvez Rome et la France, au nom du Sacré-Cœur! („Litości mój Boże: Zbaw Rzym i Francję w imię Najświętszego Serca”).

Chlodwig, Karol Wielki… Czy zbawienie Francji przechodzi koniecznie przez osobę króla?

– W swoich ślubach maryjnych z 1638 r., ciągle szczęśliwie wspominanych każdego 15 sierpnia przez uroczyste procesje, Ludwik XIII nie przedstawił się jako „jedyny konieczny”, lecz określił swoją misję następująco: „Zachęcamy wszystkich biskupów z naszego królestwa […] do napominania wszystkich poddanych nam ludów, aby miały wielce szczególne nabożeństwo do Najświętszej Dziewicy, aby w tym dniu wzywali jej obrony, aby przy takiej możnej Patronce nasze królestwo zabezpieczone było od wszystkich poczynań jego wrogów i cieszyło się długo pokojem; niechaj Bóg będzie czczony bardzo pobożnie, abyśmy my i nasi poddani mogli osiągnąć szczęśliwie ostateczny cel, dla którego zostaliśmy wszyscy stworzeni: taka jest nasza wola”.

Święta Joanna d’Arc, robiąc w 1429 roku potrójną donację (każąc Karolowi VII oddać swoje królestwo, ofiarowując je następnie Chrystusowi, aby w końcu w jego imieniu powierzyć je w zarządzanie Karolowi VII) pokazała, kto w istocie uważa siebie za króla Francji: Pan Jezus, który ją posłał, aby obwieściła Jego prawa nad tą krainą i jej mieszkańcami…

Często zapomina się, że Joanna została w sposób cudowny posłana, aby przywrócić dynastię przez zastosowanie praw fundamentalnych monarchii francuskiej (nieformalnej „konstytucji”) wobec również katolickiego króla angielskiego! I to pomimo wad francuskiego króla. Bez wątpienia Bóg miał w tym jakiś interes…

Katechizm i papieże nauczają, że Kościół nie uprzywilejowuje jednej formy rządu. Co nie znaczy, że poszczególne kraje oraz ludy nie mogą takiej konkretnej formy preferować. Na podstawie prawa do samostanowienia i prawa obywatelskiego domagają się więc one możliwości kontynuowania – lub nie… – ich wiekowej historii. Nikt nie może powstrzymać katolików francuskich od obrony praw jednej rodziny (Kapetyngów), pobłogosławionej nie tylko przez Opatrzność, św. Remigiusza i św. Joannę d’Arc, ale rodziny, która dała świętych prawie w każdym pokoleniu, a która została obalona (1792 i 1830) właśnie za to, że była uosobieniem doczesnego wsparcia Kościoła katolickiego. Nadmieńmy jeszcze, że ta rodzina pozwoliła Francuzom na związanie się przez swoje królowe (z których Maria Leszczyńska nie była najpośledniejszą) z innymi państwami europejskimi, tworząc w ten sposób w Europie prawdziwą sieć braterstwa i kuzynostwa.

Czy chcecie przekazać jakiś słowo dla Polski?

– Życzę przede wszystkim, aby nasza inicjatywa utworzenia kapituły narodowej, modlącej się o wierność naszej Ojczyzny, stała się inspiracją do tego, aby każdy naród miał taką kapitułę, jako coś w rodzaju narodowego sanktuarium. Chodzi o sanktuarium, w którym sprawuje się kult Boży w sposób bardzo uroczysty, dla zbawienia milionów dusz, które w danym kraju żyją, jak również za uświęcenie tamtejszych instytucji. Pius XII podkreślał wagę wierności Bożym prawom dla zbawienia ludu.

Mam polskiego znajomego, którego rodzina zaprosiła mnie wspaniałomyślnie do Polski w 2015 r. Jestem szczęśliwy, że dzięki niemu mogłem odprawić Mszę św. przy grobie Jana III Sobieskiego i byłem zaskoczony, kiedy zauważyłem podobieństwa geograficzne między naszymi krajami, żarliwość religijną mieszkańców, ale równocześnie brak zainteresowania lub nawet sympatii pewnej liczby Polaków dla Francji. Jeśli chodzi o Francuzów, żywią oni wielką cześć dla ich królowej, Marii Leszczyńskiej, która przyczyniła się do tryumfu Najświętszego Serca we Francji oraz do dobrego wizerunku waszego kraju; wielu z nas było głęboko poruszanych śmiercią wielu waszych przywódców w katastrofie lotniczej. Jestem przekonany, że możemy pracować ręka w rękę zarówno z waszym wielkim narodem, jak i z innymi wielkimi narodami Europy, które szczycą się z bycia chrześcijańskimi.

W sposób bardziej ogólny, chcę pogratulować naszym drogim braciom Polakom ich odważnego przykładu, jaki wraz z licznymi narodami ze Środkowej i ze Wschodniej Europy dają upadającemu Zachodowi. Ich żarliwość religijna, ich Różaniec do Granic, postawa ich przywódców, suwerenność – to tak wiele powodów do podziwu i radosnego współzawodnictwa w czasie wielkiego kryzysu.

Jan Paweł II dał światu przykład, kiedy jako papież korzystający ze swojej pozycji przewodnika duchowego, przyczynił się do obalenia w sposób bezkrwawy ateistycznej dyktatury komunistycznej w swoim kraju i do odzyskania wolności przez rodaków: oto cały program. Żal mi bardzo, że wasza wolność jest zagrożona przez pochodzące z Zachodu złe trendy, konsumpcjonizm, organizacje wrogie religii. Niech jednak Rzeczpospolita, która ma za królową Maryję Częstochowską, i która poświęca się Chrystusowi Królowi wraz z całym swym rządem, duchowieństwem i ludem, skłania do refleksji!

Dziękuję za rozmowę.

Vivre au rythme de Dieu

Nous répondons à l’appel de Jean-Paul II, qui a appelé à la prière pour la France, pour la fidélité à ses racines chrétiennes” – nous explique M. le chanoine Frédéric Goupil, cofondateur de l’ordre de Saint Remi, en conversation avec Jacques Truffem.

Pourriez-vous vous présenter ?

-Nous sommes deux frères prêtres travaillant à faire renaître en France la vie collégiale séculière, à savoir ces collèges de chanoines fondés pour une fin particulière à travers la solennité liturgique dans une « église collégiale ». Nous répondons en même temps à l’inspiration de porter la prière pour la France, comme y incitait le pape Jean-Paul II en posant à notre génération, en 1980 et 1996, la question de la fidélité de la France aux promesses de son baptême à la Noël 496.

Pouvez-vous nous parler de l’Ordre de Saint Remi ?

-Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, nous a accueillis pour cette fondation l’an dernier et vient de reconnaître le Chapitre de Saint-Remi, branche sacerdotale de l’Ordre, comme association cléricale publique de fidèles. Notre chapitre collégial est composé de prêtres résidents et de prêtres diocésains affiliés, et espère recevoir prochainement comme auxiliaires des clercs et des laïques désireux de profiter d’une vie liturgique et spirituelle ardente auprès de nous.

Nous travaillons un tiers de la semaine au service de la curie épiscopale (secrétariat particulier de l’évêque et chancellerie) et consacrons, le reste de la semaine, nos journées à la liturgie tout d’abord, ainsi qu’à l’étude. Notre apostolat, différent mais complémentaire de celui des paroisses, comporte la prédication de retraites et de missions, la rédaction de livres et d’articles, l’organisation de pèlerinages et l’aumônerie de mouvements consacrés au relèvement spirituel de la France.

Quel est l’objectif de l’Ordre dans un avenir proche ?

-Étoffer le noyau de clercs de l’Ordre et travailler à faire redécouvrir aux Français (par les retraites et les pèlerinages) ce qu’implique la vertu de piété, à savoir notamment l’amour de sa patrie, selon la droite doctrine sociale de l’Église, loin de tout nationalisme ou chauvinisme. Ceux-ci parlent de leur « grand » pays aux dépens des autres : réjouissons-nous et travaillons à ce que tous les pays soient de « grands pays » fidèles à leur vocation, dans la tranquillité de l’ordre que saint Augustin appelle la « paix », à laquelle tendit, malgré les déficiences humaines, la Chrétienté au cours de son histoire. Cela exige une vraie formation (des intelligences comme des volontés) et un grand respect pour ce qu’ont construit et nous ont légué nos ancêtres. Jamais une civilisation n’a ainsi renié son passé et ses ancêtres, « les anciens », comme l’Occident aujourd’hui.

La liturgie latine traditionnelle qui nous fait vivre et nous anime, est un admirable et extraordinaire véhicule de la vertu de piété, ne serait-ce déjà qu’en nous faisant communier aux rites et prières de l’Église à travers les siècles et les espaces. Il ne s’agit toutefois pas de passéisme, ce contre quoi nous met en garde le Saint-Père, mais de communion, nous invitant à affronter le présent et l’avenir avec la richesse d’expérience du passé. La liturgie n’est pas figée : organique, elle continue de vivre et de se développer, mais avec le « temps de Dieu », insensiblement, comme un corps humain (cf. Benoît XVI).

Comment expliquez-vous ce regain d’intérêt en France pour la Messe traditionnelle ?

-Le bon arbre se juge à ses fruits. 15 siècles de fécondité, dans l’Église latine, de la liturgie de la Curie romaine enrichie sous Charlemagne des trésors « gallo-germaniques », qui a animé (dans tous les sens du terme) la construction de l’Europe chrétienne (jusque dans les arts), ne pouvaient être arrêtés. Il a été tenté d’y mettre des digues, les eaux ont été les plus fortes ! Et notons pour vos lecteurs que le calendrier universel de la liturgie traditionnelle est rempli de Saints polonais, ainsi mis à l’honneur dans toute la Chrétienté !

La liturgie millénaire de l’Église latine est un formidable moyen d’évangélisation, même si sa fonction première est d’être l’écrin public et éprouvé de la grâce divine passant par les Sacrements et les Sacramentaux, et en premier lieu par le saint-sacrifice de la Messe. Comme le disait Benoît XVI, elle est organique et on ne la violente pas impunément.

Comment expliquer le peu d’attrait de nombreux évêques pour la Messe traditionnelle ?

-Jusqu’ici, marqués par leur génération (les années 70), avides de réformes voire de bouleversements, et n’ayant souvent pas appris à la savourer du fait d’une formation et d’un enseignement très formalistes, beaucoup d’évêques, de prêtres et de religieuses la prenaient pour dépassée et guère adaptée à notre époque. Reprenant la précédente question, de nombreux jeunes gens leur répondent ne pas rechercher dans la liturgie ou la doctrine les modes contemporaines, mais le sens du sacré et le caractère « hors du temps » permettant d’entrer joyeusement et contemplativement dans ces lieux, moments et cérémonies constituant « le Ciel sur la terre ».

Comment jugez-vous la situation spirituelle de la France ?

-Comme un malade sous perfusion, dans un état quasi-végétatif ; il conserve toute sa dignité (humaine comme spirituelle), mais est en grand danger. 97% des Français sont non-pratiquants, et une enquête du journal La Croix révéla qu’un grand nombre de ceux qui pratiquent toujours ne croient plus en ce qu’enseigne l’Église (Eucharistie, chasteté, fins dernières, etc.). Toutefois, Dieu continue de parler, d’appeler, et dans le secret des âmes, dans la discrétion des œuvres, des Saints continuent de servir et ainsi de maintenir une France chrétienne. Puissent-ils être le ferment dans la pâte !

Quelle est donc la vocation de la France dans l’Église ?

-La vocation de la France, rappelée par de très nombreux papes, est d’être – et surtout de mériter d’être – Fille aînée de l’Église. L’on ne peut comprendre cette expression que masculinisée : c’est le roi de France qui fut considéré par les Souverains Pontifes comme Fils aîné de l’Église. De même qu’une épouse prend le titre de son époux, la France s’est ainsi vue qualifiée de Fille aînée « consort » de l’Église, précisément à partir de 1830 quand les rois de France, renversés, ont commencé à être regrettés voire oubliés. M. Macron reconnaissait il y a quelques années qu’ils ont laissé un grand vide ; les Français patriotes, ayant perdu de vue l’incarnation de la France et de son alliance avec le Ciel, se tournent désormais souvent vers une « France » abstraite.

Comme « fils aîné », le roi très-chrétien fut depuis Clovis puis Charlemagne le bras armé du Saint-Siège, le fils sur lequel le pape s’appuie temporellement pour remplir sa mission surnaturelle. Ainsi, Clovis constitua-t-il le seul soutien de la papauté dans une Europe occidentale entièrement arienne ; Pépin le Bref restitua les États du Pape ; lors des Croisades libérant les pèlerins en Terre Sainte, les Croisés furent généralement appelés « Francs » ; les rois de France étaient considérés – même par les Musulmans ! – comme le défenseur-né des Chrétiens d’Orient (Charlemagne se faisant notamment remettre les clefs de Jérusalem) ; les Zouaves pontificaux au XIXe siècle furent fidèles à cet esprit chevaleresque fidèle à Rome, qui caractérise l’âme française ; comme le chante Pitié mon Dieu : « Sauvez Rome et la France, au nom du Sacré-Cœur ! ».

Clovis, Charlemagne… Le salut de la France passe-t-il nécessairement par un roi ?

-Dans son Vœu à la Vierge de 1638, toujours heureusement commémoré chaque année par les processions du 15 août, Louis XIII ne se présentait pas comme « l’unique nécessaire »… mais définissait ainsi sa mission :

« Nous exhortons tous les Evêques de notre royaume […] d’admonester tous nos peuples d’avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ; car tel est notre bon plaisir ».

Sainte Jeanne d’Arc, en opérant en 1429 la Triple donation (en se faisant offrir le royaume par Charles VII, en le cédant ensuite au Christ pour, en Son Nom, le confier en commende à Charles VII), manifesta qui se trouve être foncièrement le roi de France : le Seigneur Jésus, Qui l’envoya proclamer Ses droits sur cette contrée et ses Francs…

Mais l’on perd souvent de vue qu’Il l’a miraculeusement envoyée restaurer une dynastie pour appliquer les Lois fondamentales du royaume (sa Constitution), face à un roi « anglois »… mais catholique aussi ! Et ce, malgré les déficiences de ce « dauphin Charles » : sans doute le Seigneur y voyait-Il un intérêt…

Le catéchisme, les papes enseignent que l’Église ne privilégie pas une forme de gouvernement. Ce qui n’empêche pas les pays ni les peuples d’en privilégier une. Ils se réclameront donc de leurs droits de peuples, de citoyens, à poursuivre ou non leur histoire millénaire. Personne ne peut empêcher des Catholiques français de défendre les droits d’une famille (les Capétiens) non seulement bénie par la Providence, S. Remi et Ste Jeanne d’Arc, mais qui a donné des Saints à quasiment chaque génération, et qui a été renversée (1792 et 1830) précisément parce qu’elle incarnait le soutien temporel de l’Église catholique. Notons encore que cette famille permet aux Français de se rattacher par ses reines (Marie Leszczynska n’en est pas la moindre) à toutes les autres contrées de l’Europe… favorisant ainsi une vraie fraternité ou cousinade européenne !

Avez-vous un message à adresser à la Pologne ?

-Je souhaite tout d’abord que notre initiative de chapitre national portant la prière pour la fidélité de notre patrie soit communicative, et que chaque nation en ait un également, sorte de sanctuaire national où le culte solennel et l’office divin seraient offerts pour le salut des millions d’âmes qui y vivent, ainsi que pour la sanctification des institutions, Pie XII ayant souligné l’importance de celles-ci pour celui-là.

J’ai un ami polonais, Piotr, dont la famille m’invita généreusement à visiter la Pologne à l’automne 2015. Je suis heureux d’avoir grâce à lui pu célébrer la Messe au tombeau de Jean Sobieski, et fus étonné de voir non seulement les ressemblances géographiques entre nos deux pays, la ferveur des habitants… mais également le manque d’intérêt ou d’affection d’un certain nombre de Polonais pour la France. Les Catholiques français ont quant à eux une grande vénération pour leur reine Marie Leszczynska, qui fit triompher le culte du Sacré-Cœur, et une bonne image de votre pays ; nous avons été nombreux à être dans la consternation à la disparition récente de tout votre gouvernement ! Je suis personnellement convaincu que nous devons travailler main dans la main avec ce grand pays, ainsi d’ailleurs qu’avec toutes les grandes nations chrétiennes et fières de l’être.

De manière plus générale, je tiens à féliciter nos chers frères polonais pour l’exemple courageux qu’ils donnent, avec de nombreux peuples du centre et de l’est de l’Europe, à un Occident décadent. Leur ferveur, leur Rosaire aux frontières, leurs lois, l’exemple de leur gouvernement, leur souveraineté : autant de motifs d’admiration et de joyeuse émulation dans un climat de grande crise.

Jean-Paul II montra au monde l’exemple d’un pape démolissant chez lui, sans coup férir et en s’en tenant à son rôle spirituel, la dictature communiste athée, pour rendre son peuple à la liberté : tout un programme. Je regrette seulement pour votre liberté les menaces occidentales (mauvaises modes, consumérisme et structures de péché). Mais qu’une République qui a Marie pour reine, à Częstochowa, se consacre au Christ Roi avec tout son gouvernement, son clergé et son peuple, donne à réfléchir !

Merci pour l’entretien.

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Sermon du Pèlerinage jubilaire à Cotignac (2019) https://ordredesaintremi.fr/sermon-du-pelerinage-jubilaire-a-cotignac-2019/ https://ordredesaintremi.fr/sermon-du-pelerinage-jubilaire-a-cotignac-2019/#respond Thu, 14 Feb 2019 19:29:56 +0000 https://ordredesaintremi.fr/?p=573

Sermon sur le VOEU DE LOUIS XIII
de M. le prévôt du chapitre de Saint-Remi
à la Grand’Messe solennelle
du pèlerinage jubilaire à Cotignac
(samedi 9 février A.D. 2019)

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Messieurs les Chanoines,
Monsieur le Curé,
Messieurs les Abbés,
Révérends Pères,
Mes Soeurs,
Très chers Fidèles,

Même si ce n’est pas directement l’apparition que ce Jubilé célèbre, voici les paroles de Notre-Dame, se révélant à 4 reprises, en la nuit du 3 novembre 1637, au Frère Fiacre de Sainte-Marguerite – religieux augustin déchaux né il y a 410 ans et dont le coeur repose au sanctuaire que nous rejoindrons cet après-midi : « Mon enfant, n’ayez pas peur, je suis la Mère de Dieu ».

Le bon religieux, voulant se prosterner devant l’Enfant qu’elle tenait dans ses bras, se vit interrompre dans son élan :

« Ce n’est pas mon Fils. C’est l’enfant que Dieu veut donner à la France (le futur Louis XIV). […] Pour témoignage, comme je veux que vous avertissiez la Reine qu’elle fasse faire les 3 neuvaines en mon honneur, voilà la même image qui est à Notre-Dame de Grâces en Provence, et la façon de l’église ».

La Très Sainte Vierge faisait explicitement référence à ses deux apparitions d’un siècle plus tôt, les 10 et 11 août 1519, au pieux bûcheron Jean de La Baume :

« Je suis la Vierge Marie. Allez dire au clergé et aux consuls de Cotignac de me bâtir ici-même une église, sous le vocable de Notre-Dame de Grâces, et qu’on y vienne en procession pour recevoir les dons que je veux y répandre ».

Le mois suivant, la construction de l’église commençait, et cinq ans plus tard, était fondue la cloche de 720 kg qui a sonné la Messe tout à l’heure, la même qu’entendit Louis XIV. Nous savons l’importance des cloches, qui prêtent leur écho au ministère des saints Anges pour annoncer les grâces que le Ciel veut répandre, et repousser les esprits impurs grâce à la vertu exorciste de leur baptême. Le dernier bulletin diocésain donne la traduction des paroles gravées sur ses flancs ; faisons-en notre prière : “Marie de Grâces, priez pour nous, demandez : pour nous une âme pure et spontanée, l’honneur à Dieu et la libération à notre Patrie”.

Est-il donc lieu plus adéquat pour célébrer cette Messe du Voeu de Louis XIII (extraite du Missel parisien) qu’en ce village béni de Cotignac ? La Très Sainte Mère de Dieu a en effet comme forgé un jumelage avec la cathédrale et le couvent des Augustins de la capitale, en unissant ces sanctuaires dans une triple neuvaine.

Et comme le Frère Fiacre, envoyé par Louis XIII 3 jours avant la signature du Voeu afin de remercier le Ciel pour la grossesse de la Reine et y faire célébrer une neuvaine de Messes…
comme le Frère Fiacre à nouveau, renvoyé 7 ans plus tard par Anne d’Autriche apporter un tableau montrant le jeune Louis XIV offrant sa couronne et son sceptre…
comme ce même Louis XIV venu ici le 21 février 1660 (jour anniversaire de Frère Fiacre) déposer devant la Vierge son cordon bleu et le diamant de son anneau…
comme ce même Frère, l’année suivante, accueilli triomphalement pour déposer le contrat de mariage du Roi…
vous venez, vous aussi, chers pèlerins, répondre à l’appel de notre Souveraine, ayant parfois traversé plusieurs provinces pour rejoindre Cotignac en ce Jubilé, désireux de gagner l’indulgence plénière accordée par la Sacrée Pénitencerie apostolique, tout en honorant le jeune Ordre de Saint Remi que Mgr Rey a reconnu en octobre dernier, et qui accueille en ce jour deux prêtres affiliés et un chanoine d’honneur, augustin comme le Frère Fiacre…

L’audacieuse ambition de cette fondation est celle tracée par Pie XI :

« Nous prions Dieu que la France catholique soit la Fille première-née de l’Église romaine ; qu’elle échauffe, garde, développe par la pensée, l’action, l’amour, ses antiques et glorieuses traditions pour le bien de la religion et de la patrie ».

Son homonyme prédécesseur s’était lui aussi écrié :

« Vous devez dire aux Français qu’ils fassent leurs trésors des Testaments de S. Remi, de Charlemagne, de S. Louis, qui se résument par ces mots si souvent répétés par l¹Héroïne d’Orléans : Vive le Christ, Qui est Roi des Francs ! A ce titre seulement, la France est grande parmi les nations. A cette clause, Dieu protégera et la fera libre et glorieuse ».

Grâce à nos premiers évangélisateurs, la Gaule était déjà devenue chrétienne. Avec Clovis, c’est le gouvernement de l’État lui-même qui le devint, jusqu’à la funeste Révolution. Avec Louis XIII, l’histoire de notre chère France passa à un degré encore supérieur, par la consecration à l’auguste Mère de Dieu, la femme qui est, parmi toute la Création, le chef d’oeuvre du Seigneur.

Ce Voeu, scellé le 10 février 1638 par l’édit de Saint-Germain-en-Laye, est aussi important que le Baptême de la France salué par nombre de papes et de Saints ; car en la personne du roi de France, en lequel s’incarne notre nation, c’est la France entière qui est fixée solennellement dans le désir de demeurer fidèle aux promesses de son baptême à Reims, comme le rappela le pape Jean-Paul II en 1980 puis en 1996 ; cet acte est la consécration mariale qui suit logiquement la cérémonie du baptême, et correspond aussi à la belle cérémonie de la profession de foi. Pour pousser l’analogie jusqu’au bout, nous pourrions pour ainsi dire supposer que l’épopée de sainte Jeanne d’Arc, conduisant son gentil Dauphin en la cathédrale rémoise, correspondit à la Confirmation de notre Patrie, Notre-Seigneur Jésus-Christ se servant de notre heroïne pour affirmer Sa royauté directe sur la France, royauté simplement confiée en commende à l’aîné de toutes nos familles.

Et remarquez qu’à chaque fois, le Seigneur attend que tout soit réduit à néant d’un point de vue purement humain, pour intervenir et faire éclater Sa gloire ! selon l’affirmation de S. Paul aux Corinthiens : “Dieu a choisi les choses viles de ce monde, et les méprisées, même celles qui ne sont point, pour abolir celles qui sont” (I Cor. I, 28)

Qui n’a pas l’Église pour mère, n’a pas Dieu pour père, disait S. Cyprien. Qui n’a pas la bienheureuse Vierge Marie pour Mère, ne peut avoir Dieu pour père, dirons-nous également.

Or un pieux roi nous la constitua en règle Reine de France, lui consacrant à jamais sa personne, son État, sa Couronne et ses sujets.

Ce Voeu – intrinsèquement lié à la venue au monde d’un héritier si désiré… que cela deviendra son nom (Louis-Dieudonné) –, fut le fruit des prières de tout un Royaume, des monastères royaux jusqu’aux plus humbles familles. Après sa signature, le P. Joseph, conseiller de Richelieu, “établit un programme pastoral pour le faire prêcher dans toute la France, pendant 3 ans, à partir de janvier 1639”, projet qui eut une ampleur exceptionnelle qu’il continue de faire vibrer nos âmes. Et nous ne pouvons que nous réjouir de la renaissance et recrudescence, ces dernières années, de ces processions du 15 août, des grandes villes aux villages de nos campagnes.

Combien de grands personnages et de mystiques y furent associés ! Richelieu, Mère Anne-Marie de Jésus Crucifié, Sr Marguerite du Saint-Sacrement, le P. Caussin, Louise de La Fayette, etc. Et Notre-Dame apparut il y a un demi-millénaire à Cotignac avec S. Michel, l’Ange gardien de la France, et S. Bernard, l’un des Français qui lui fut le plus dévot, et obtint le titre de Chantre de la Vierge Marie.

Avec Louis XIII, nous voulons (je le cite) : « implorer en ce jour sa protection afin que, sous une si puissante Patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse longuement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous […] puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés ». Le père du Roi Soleil, Louis le Juste, donne ici une magnifique leçon de doctrine sociale de l’Église, en rappelant que la grande tâche de la politique, la plus grande des charités, est de préparer ici-bas les voies vers le Ciel, en essayant d’en donner un avant-goût, tandis que le clergé prépare directement les âmes à ce même but.

Fidèles au « génie catholique et français » (selon le pape qui béatifia la Pucelle d’Orléans), « les grands évêques et les grands monarques, qui ont créé et si glorieusement gouverné la France, ont […] su donner à leur peuple la vraie justice [et] le vrai bonheur ».

Nos Papes et les Conciles vous appellent vous aussi, chers Fidèles laïcs, à évangéliser, à christianiser l’ordre temporel, selon les conseils que le 1er pape du XXe siècle donnait aux évêques français, en la Saint-Louis de 1910 (il y a à peine un siècle, mais dans un temps tout aussi troublé) :

« De tous temps, l’Église et l’État, heureusement concertés, ont suscité dans ce but des organisations fécondes ; l’Église, qui n’a jamais trahi le bonheur du peuple par des alliances compromettantes, n’a pas à se dégager du passé; et il lui suffit de reprendre, avec le concours des vrais ouvriers de la restauration sociale, les organismes brisés par la Révolution et de les adapter, dans le même esprit chrétien qui les a inspirés, au nouveau milieu créé par l’évolution matérielle de la société contemporaine : car – poursuivait le pontife – les vrais amis du peuple ne sont ni révolutionnaires ni novateurs, mais traditionalistes ».

Et « Il faut le rappeler énergiquement, dans ces temps d’anarchie sociale et intellectuelle, où chacun se pose en docteur et législateur : on ne bâtira pas la cité autrement que Dieu ne l’a bâtie ; on n’édifiera pas la société, si l’Église n’en jette les bases et ne dirige les travaux ; non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir dans les nuées. Et là, le pontife visionnaire gagnerait à être enfin écouté : Elle a été, elle est ; c’est la civilisation chrétienne, c’est la Cité catholique. Il ne s’agit que de l’instaurer et la restaurer sans cesse sur ses fondements naturels et divins, contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie malsaine, de la révolte et de l’impiété: OMNIA INSTAURARE IN CHRISTO ».

Eh bien par ses apparitions, ses manifestations, ses miracles redoublés (corporels ou spirituels) en notre terre de France, la Mère de Dieu ne sert pas d’autre cause, en manifestant la sollicitude empressée qu’elle nous porte, et qui ne peut nous laisser de marbre.

De la Vierge majestueuse de Cotignac, à la Vierge en pleurs de La Salette, de Notre-Dame-de-l’Annonciation de Cotignac à Notre-Dame-de-l’Assomption du Val, c’est toujours la même Reine de France qui vient exhorter ses enfants à reprendre le flambeau de leurs ancêtres, en poursuivant “l’écriture en acte(s)” des Gesta Dei per Francos. Ces nouvelles pages de notre Histoire, c’est à vous, mes Frères, de les écrire concrètement, avec vos talents, vos sacrifices, vos mérites, vos sueurs… et peut-être votre sang !

Permettez que j’achève en prêtant mes lèvres au grand saint Pie X, qu’un vrai Français ne peut se lasser de citer et méditer, tant il avait bien pénétré l’âme française:

« Le peuple qui a fait alliance avec Dieu aux Fonts Baptismaux de Reims se repentira et retournera à sa première vocation.

Les mérites de tant de ses fils qui prêchent la vérité de l’Évangile dans le monde presque entier – et dont beaucoup l’ont scellée de leur sang –,

les prières de tant de Saints qui désirent ardemment avoir pour compagnons dans la Gloire Céleste les frères bien-aimés de leur patrie,

la piété généreuse de tant de ses Fils [sans doute désormais moins nombreux hélàs] qui, sans s’arrêter à aucun sacrifice, pourvoient à la dignité du clergé et à la splendeur du culte catholiqu (c’est la raison d’être de notre Ordre),

et, par-dessus tout, les gémissements de tant de petits enfants qui, devant les Tabernacles répandent leur âme dans les expressions que Dieu-même met sur leurs lèvres,

appelleront certainement sur cette nation les miséricordes divines.

Les fautes ne resteront pas impunies,
mais elle ne périra jamais, la Fille de tant de mérites, de tant de soupirs et de tant de larmes.

Un jour viendra, et nous espérons qu’il n’est pas très éloigné, où la France, comme Saül sur le chemin de Damas, sera enveloppée d’une Lumière Céleste et entendra une voix qui lui répètera : Ma Fille, pourquoi Me persécutes-tu ? Et, sur sa réponse : Qui es-tu, Seigneur ?, la voix répliquera : Je suis Jésus, que tu persécutes. Il t’est dur de regimber contre l’aiguillon, parce que, dans ton obstination, tu te ruines toi-même. Et elle, tremblante, étonnée, dira : Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? Et Lui:

« Lève-toi,
lave-toi des souillures qui t’ont défigurée,
réveille dans ton sein les sentiments assoupis et le pacte de notre alliance,
et va, Fille Aînée de l’Église, nation prédestinée, vase d’élection,
va porter, comme par le passé, Mon Nom devant tous les peuples et devant les rois de la terre
».

Voilà aujourd’hui notre prière, ô Notre-Dame de Grâces de Cotignac. Ainsi soit-il.

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Sermon donné par Dom Gérard du Barroux à l’occasion du pèlerinage de Pentecôte 1985 et qui deviendra la « charte de Chartres »

 

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Chers pèlerins de Notre-Dame,

Vous voilà enfin rassemblés en compagnie de vos anges gardiens, présents eux aussi par milliers, que nous saluons avec affection et reconnaissance, au terme de cet ardent pèlerinage, plein de prières, de chants et de sacrifices, et déjà certains d’entre vous ont retrouvé la robe blanche de l’innocence baptismale. Quel bonheur !

Vous voilà rassemblés par une grâce de Dieu dans l’enceinte de cette cathédrale bénie, sous le regard de Notre-Dame de la Belle Verrière, une des plus belles images de la Très Sainte Vierge. Image devant laquelle nous savons que saint Louis est venu s’agenouiller après un pèlerinage accompli pieds nus. Est-ce que cela ne suffit pas à nous rendre le goût de nos racines chrétiennes et françaises ?

Nous vous remercions, chers pèlerins, parce que, en l’honneur de cette Vierge sainte, vous vous êtes mis en marche par milliers, et ce sont des milliers de voix, sortant de milliers de poitrines, de tous les âges et de toutes les conditions, qui nous donnent ce soir la plus belle et la plus vivante image de la chrétienté. Nous vous remercions de vous présenter ainsi chaque année comme une parabole vivante ; car lorsque vous vous avancez au cours de ces trois jours de marche vers le sanctuaire de Marie, en priant et en chantant, vous exprimez la condition-même de la vie chrétienne qui est d’être un long pèlerinage et une longue marche vers le paradis ! Et cette marche aboutit dans l’église, qui est l’image du sanctuaire céleste.

La vie chrétienne est une marche, souvent douloureuse, passant par le Golgotha, mais éclairée par les splendeurs de l’Esprit. Et qui débouche dans la gloire. Ah ! On peut bien nous persécuter, cependant j’interdis qu’on nous plaigne. Car nous appartenons à une race d’exilés et de voyageurs, douée d’un prodigieux pouvoir d’intervention, mais qui refuse − c’est sa religion − de laisser détourner son regard des choses du Ciel. N’est-ce pas ce que nous chanterons tout à l’heure à la fin du Credo : Et exspecto (et j’attends) Vitam venturi sæculi (la vie du siècle à venir) ?

Oh ! Non pas un âge d’or terrestre, fruit d’une évolution supposée, mais le vrai paradis de Dieu dont Jésus parlait en disant au bon larron : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ! ». Si nous cherchons à pacifier la terre, à embellir la terre, ce n’est pas pour remplacer le Ciel, c’est pour lui servir d’escabeau. Et si un jour, face à la barbarie montante, nous devions prendre les armes en défense de nos cités charnelles, c’est parce qu’elles sont, comme le disait notre cher Péguy, « l’image et le commencement et le corps et l’essai de la maison de Dieu ».

Mais avant même que ne sonne l’heure d’une reconquête militaire, n’est-il pas permis de parler de Croisade, du moins lorsqu’une communauté se trouve menacée dans ses familles, dans ses écoles, dans ses sanctuaires, dans l’âme de ses enfants ? Aussi bien, chers amis, nous n’avons pas peur de la révolution : nous craignons plutôt l’éventualité d’une contrerévolution sans Dieu ! Ce serait rester enfermés dans le cycle infernal du laïcisme et de la désacralisation ! Il n’y a pas de mot pour signifier l’horreur que doit nous inspirer l’absence de Dieu dans les institutions du monde moderne ! Voyez l’O.N.U. : architecture soignée, aula gigantesque, drapeaux des nations qui claquent dans le ciel. Pas de crucifix ! Le monde s’organise sans Dieu, sans référence à son Créateur. Immense blasphème ! Entrez dans une école d’État : les enfants y sont instruits sur tout. Silence sur Dieu ! Scandale atroce ! Mutilation de l’intelligence, atrophie de l’âme − sans parler des lois permettant le crime abominable de l’avortement.

Ce qu’il y a de plus triste, mes chers frères, et de plus honteux, c’est que la masse des chrétiens finit par s’habituer à cet état de chose. Ils ne protestent pas ; ils ne réagissent pas. Ou bien, pour se donner une excuse, ils invoquent l’évolution des mœurs et des sociétés. Quelle honte ! Il y a quelque chose de pire que le reniement déclaré, disait l’un des nôtres, c’est l’abandon souriant des principes, le lent glissement avec des airs de fidélité. Est-ce qu’une odeur putride ne se dégage pas de la civilisation moderne ?

Eh bien ! Contre cette apostasie de la civilisation et de l’État qui détruit nos familles et nos cités, nous proposons un grand remède, étendu au corps tout entier ; nous proposons ce qui est l’idée-force de toute civilisation digne de ce nom : la chrétienté ! Qu’est-ce que la chrétienté ? Chers pèlerins, vous le savez et vous venez d’en faire l’expérience : la chrétienté est une alliance du sol et du ciel ; un pacte, scellé par le sang des martyrs, entre la terre des hommes et le paradis de Dieu ; un jeu candide et sérieux, un humble commencement de la vie éternelle.

La chrétienté, mes chers frères, c’est la lumière de l’Évangile projetée sur nos patries, sur nos familles, sur nos mœurs et sur nos métiers. La chrétienté, c’est le corps charnel de l’Église, son rempart, son inscription temporelle. La chrétienté, pour nous autres Français, c’est la France gallo-romaine, fille de ses évêques et de ses moines ; c’est la France de Clovis converti par sainte Clotilde et baptisé par saint Rémi ; c’est le pays de Charlemagne conseillé par le moine Alcuin, tous deux organisateurs des écoles chrétiennes, réformateurs du clergé, protecteurs des monastères. La chrétienté, pour nous, c’est la France du XIIe siècle, couverte d’un blanc manteau de monastères, où Cluny et Cîteaux rivalisaient en sainteté, où des milliers de mains jointes, consacrées à la prière, intercédaient nuit et jour pour les cités temporelles ! C’est la France du XIIIe siècle, gouvernée par un saint roi, fils de Blanche de Castille, qui invitait à sa table saint Thomas d’Aquin, tandis que les fils de saint Dominique et de saint François s’élançaient sur les routes et dans les cités, prêchant l’Évangile du Royaume. La chrétienté, en Espagne, c’est saint Ferdinand, le roi catholique, c’est Isabelle de France, sueur de saint Louis, rivalisant avec son frère en piété, en courage et en intelligente bonté.

La chrétienté, chers pèlerins, c’est le métier des armes, tempéré et consacré par la chevalerie, la plus haute incarnation de l’idée militaire ; c’est la croisade où l’épée est mise au service de la foi, où la charité s’exprime par le courage et le sacrifice. La chrétienté, c’est l’esprit laborieux, le goût du travail bien fait, l’effacement de l’artiste derrière son œuvre. Connaissez-vous le nom des auteurs de ces chapiteaux et de ces verrières ?

La chrétienté, c’est l’énergie intelligente et inventive, la prière traduite en action, l’utilisation de techniques neuves et hardies. C’est la cathédrale, élan vertigineux, image du ciel, immense vaisseau où le chant grégorien unanime s’élève, suppliant et radieux, jusqu’au sommet des voûtes pour redescendre en nappes silencieuses dans les cours pacifiés.

La chrétienté, mes frères − soyons véridiques − c’est aussi un monde menacé par les forces du mal ; un monde cruel où s’affrontent les passions, un pays en proie à l’anarchie, le royaume des lys saccagé par la guerre, les incendies, la famine, la peste qui sème la mort dans les campagnes et dans les cités. Une France malheureuse, privée de son roi, en pleine décadence, vouée à l’anarchie et au pillage. Et c’est dans cet univers de boue et de sang que l’humus de notre humanité pécheresse, arrosé par les larmes de la prière et de la pénitence, va faire germer la plus belle fleur de notre civilisation, la figure la plus pure et la plus noble, la tige la plus droite qui soit née sur notre sol de France : Jeanne de Domrémy !

Sainte Jeanne d’Arc achèvera de nous dire ce qu’est une chrétienté. Ce n’est pas seulement la cathédrale, la croisade et la chevalerie ; ce n’est pas seulement l’art, la philosophie, la culture et les métiers des hommes montant vers le trône de Dieu comme une sainte liturgie. C’est aussi et surtout la proclamation de la royauté de Jésus-Christ sur les âmes, sur les institutions et sur les mœurs. C’est l’ordre temporel de l’intelligence et de l’amour soumis à la très haute et très sainte royauté du Seigneur Jésus. C’est l’affirmation que les souverains de la terre ne sont que les lieutenants du roi du Ciel : « Le royaume n’est pas à vous, dit Jeanne d’Arc au Dauphin. Il est à Messire. − Et quel est votre Sire ? demande-t-on à Jeanne. − C’est le roi du Ciel, répond la jeune fille, et il vous le confie afin que vous le gouverniez en son nom. »

Quel élargissement de nos perspectives ! Quelle vision grandiose sur la dignité de l’ordre temporel ! En un trait saisissant, la bergère de Domrémy nous livre la pensée de Dieu sur le règne intérieur des nations. Car les nations − et la nôtre en particulier − sont des familles aimées de Dieu, tellement aimées que Jésus-Christ, les ayant rachetées et lavées de son sang, veut encore régner sur elles d’une royauté toute de paix, de justice et d’amour qui préfigure le Ciel.

« France, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » interrogeait le Pape il y a cinq ans. Très Sainte Vierge Marie, Notre-Dame de France, Notre-Dame de Chartres, nous vous demandons de guérir ce peuple infirme, de lui rendre sa pureté d’enfant, son honneur de fils. Nous vous demandons de lui rendre sa vocation terrienne, sa vocation paysanne, ses familles nombreuses penchées avec respect et amour sur la terre nourricière. Cette terre qui a su produire, au cours des siècles, un pain honnête et des fruits de sainteté.

Très Sainte Vierge, rendez à ce peuple sa vocation de soldat, de laboureur, de poète, de héros et de saint. Rendez-nous l’âme de la France ! Délivrez-nous de ce fléau idéologique qui violente l’âme de ce peuple. Ils ont chassé les crucifix des écoles, des tribunaux et des hôpitaux. Ils font en sorte que l’homme soit éduqué sans Dieu, jugé sans Dieu et qu’il meure sans Dieu ! C’est donc à une Croisade et à une Reconquête que nous sommes conviés. Reconquérir nos écoles, nos églises, nos familles. Alors, un jour, si Dieu nous en fait la grâce, nous verrons au terme de nos efforts, venir à nous le visage radieux et tant aimé de celle que nos anciens appelaient la douce France. La douce France, image de la douceur de Dieu !

Nous sera-t-il permis, ce soir, devant quelques milliers de pèlerins de parler de la douceur de Dieu ? C’est un moine qui vous parle. Et la douceur de Dieu, vous le savez, récompense au-delà de toute prévision les combats que ses serviteurs livrent pour le Royaume. Douceur paternelle de Dieu. Douceur du Crucifié ! Ô douce Vierge Marie, enveloppez d’un manteau de douceur et de paix nos âmes affrontées à de durs combats. L’an prochain, c’est à toute la chrétienté que nous donnons rendez-vous aux pieds de Notre-Dame de Chartres, qui sera désormais notre Czestochowa national. Que le Saint-Esprit vous illumine, que la Très Sainte Vierge vous garde et que l’armée des anges vous protège. Ainsi soit-il !

Dom Gérard, abbé du Barroux

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L’Ordre de saint Remi est une association de fait ayant vocation à rassembler des chanoines séculiers désireux de se consacrer à la prière pour la France.

Sa devise (« Que Votre Règne arrive », Luc XI, 2) rappelle à ses membres qu’ils ont à travailler au règne social du Christ Roi, en France particulièrement.

Fondé le 25 mars 2017 par 2 prêtres et soutenu par un groupe de fidèles, il s’est placé sous la responsabilité canonique de Mgr Rey, Évêque de Fréjus-Toulon.

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Bonjour tout le monde ! https://ordredesaintremi.fr/bonjour-tout-le-monde/ https://ordredesaintremi.fr/bonjour-tout-le-monde/#respond Fri, 09 Nov 2018 22:40:16 +0000 http://liturgia.o2switch.net/saintremi/?p=1 Bienvenue sur WordPress. Ceci est votre premier article. Modifiez-le ou supprimez-le, puis lancez-vous !

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